Techniques de construction
Les
aquariums actuels sont pour la plupart réalisés en plaques de
verre, ou glace, assemblées par collage au silicone (colle et non mastic)
et la technique, alliée à des produits très au point, peut
être mise en oeuvre par tout un chacun en respectant toutefois certaines
normes (épaisseur et qualité du verre, dégraissage
avant collage ). Pour les très grands volumes (non déplaçables),
il est possible d'utiliser la construction en maçonnerie, le béton
armé, le panneau de contre plaqué marine revêtu de résine
polyester et tissus de verre et industriellement, des viviers sont conçus
en PVC ou matériaux composites (technique des coques de bateaux). L'emploi
d'ossatures ou de parties métalliques est pratiquement abandonné
en raison de l'entretien dû à la corrosion très active liée
à l'humidité et aux réactions électrolytiques. Néanmoins,
l'usage d'acier inox est encore maintenu pour certaines réalisations
d'ordres esthétiques.
Quand on en a la possibilité on peut abandonner la sacro sainte forme
parallélépipédique et s'orienter vers une recherche de
volumes créant l'illusion de l'infini ; pour ce faire on transforme le
rectangle de base en trapèze, la façade étant plus étroite
que l'arrière le regard n'est plus arrêté par les côtés
il est toutefois nécessaire de procéder à des essais de
formes avant la réalité finale (maquette en carton).
Les bacs fabriqués en béton, panneaux de contre plaqué
ou matériaux composites possèdent le très grand avantage
de pouvoir être entaillés ou percés puis reétanchéifiés
aisément contrairement au verre, ce qui laisse toute latitude pour la
mise en place de tuyauteries, par exemple lors de modifications ultérieures
de la filtration.
LA FILTRATION :
Avec l'éclairage, c'est l'un des points les plus controversé et
aussi critiqué.
But : Retenir, éliminer et transformer les matières visibles et
invisibles en suspension et dilution dans l'eau sans détruire l'équilibre
physico-chimique et biologique d'un milieu aquatique en circuit fermé.
Plusieurs solutions sont employées :
Sous sable : Pratiquement abandonné en eau douce hormis pour les petits
bacs d'alevinage à durée limitée; la circulation rapide
de l'eau au travers du sable (percolation) lessive les racines des plantes dans
un premier temps, puis le substrat va peu à peu se colmater, s’agglomérer
avec le floculât et les sels minéraux; les matières organiques
bloquées dans un milieu anaérobie vont alors se dégrader
en ammoniac sans poursuite du cycle de nitrification.
Filtre gouttière : Aussi économique et simple que le précédent,
il n'en possède pas les inconvénients mais reste néanmoins
réservé aux bacs de petits volumes. L'eau relevée au dessus
du volume à filtrer se déverse à l'aide d'une rampe sur
un lit de ouate synthétique amorphe (perlon) garnissant une gouttière
en PVC puis retombe dans le bac. Le 'perlon' doit être lavé à
l'eau tiède au moins une fois par semaine; très intéressant
pour les petits volumes il a l'avantage de bien oxygéner l'eau mais devient
vite encombrant pour les grands bacs. Tout comme le filtre sous sable il utilise
l'exhausteur; ces deux types de filtre peuvent d'ailleurs être couplés;
l'eau ayant subie une préfiltration sur ouate de perlon est envoyée
sous le sable par un puits d'alimentation mais pour que le système soit
efficace il est nécessaire de créer un espace vide entre le sable
et le fond de l'aquarium (10 mm suffisent) à l'aide d'une plaque en PVC
perforé.
Filtre extérieur : Oblige à un investissement assez lourd et à
cause de cela l'amateur sous -dimensionne l'appareillage, ce qu'il regrette
souvent par la suite, mais c’est le plus utilisé à cause
de sa simplicité de mise en oeuvre.
IL se compose généralement d'un récipient hermétique
surmonté d'une pompe refoulante électrique, raison pour laquelle
l'ensemble doit obligatoirement être placé sous le niveau d'eau,
à côté ou de préférence sous l'aquarium. Relié
à ce dernier par un tuyau d'aspiration muni d'une crépine et arrivant
en bas de cuve, le refoulement de l'eau filtrée part de la pompe. La
cuve de filtre se garnie de ouate de perlon, de billes d'argile expansée,
de gravier de pouzzolane(roche volcanique), de charbon de bois, selon les desiderata
ou impératifs du moment. La masse filtrante doit être de texture
homogène sans tassement exagérée; la tuyauterie sera la
plus courte possible, sans pincement ni coude brusque qui entraîneraient
une perte de charge importante (diminution du débit de filtration) ;
il est à noter que ces tuyaux peuvent être munis de raccords à
vis et de robinets facilitant l'amovibilité du filtre pour les nettoyages
hebdomadaires. Il est intéressant de rechercher l'emplacement de l'orifice
de rejet afin de produire un courant bénéfique tant pour la faune
que pour la flore. Ce courant favorise les échanges biologiques entre
les plantes et l'eau, tonifie la masse musculaire des poissons et accélère
le processus de filtration en mettant en suspension les particules posées
sur les corps immobiles (plantes, sol, roches).
Le bac à décantation : Utilisé pour les bacs généralement
très important (+250 L), il a l'inconvénient d'être volumineux.
Constitué d'une cuve supérieure à 150 litres ou même
d'un volume sensiblement égal à l'aquarium, on peut le placer
à l'une des extrémité de ce dernier, ou dessous, en utilisant
le principe des siphons à débordements, ce qui demande précision
et rigueur dans la réalisation. Le rejet de l'eau filtrée peut
être réalisé par exhausteur ou mieux, par une ou plusieurs
pompes. Ce système de filtre, dérivant des centrales de filtration
des eaux usées citadines, apporte beaucoup d'avantages : du fait des
masses filtrantes importantes le nettoyage peut ne se faire qu'une ou deux fois
l'an; la filtration, très efficace est pratiquement biologique.
Le matériel technique (chauffage, diffuseur d'air, lampe bactéricide,
etc..)y trouve naturellement sa place, libérant l'aquarium d'appareils
inesthétiques; enfin, la maintenance et la disposition de masses filtrantes
spécifiques peuvent être modifiées très aisément.
Fonctionnement : (voir
schéma en fin d'article)La
cuve est divisée à l'aide de chicanes verticales générant
des chambres de filtrations et de traitements. L'eau arrive dans un premier
compartiment ayant pour but de la débarrasser par gravitation des particules
lourdes à éliminer par un syphonnage régulier.
La chambre suivante comporte un ou deux bulleurs fins qui enrichissent l'eau
en oxygène par leurs turbulences; la dégradation des composés
azotés peut alors débuter de façon efficace.
Le troisième compartiment renferme des gravillons de basalte ou de pouzzolane
qui sont des roches poreuses, supports idéales des bactéries nitrifiantes.
Là, ces bactéries transforment les déchets métaboliques
en composés ammoniacaux, en nitrites puis en nitrates qui seront partiellement
absorbés dans le compartiment suivant.
Le quatrième volume est occupé par des plaques de verre dont la
surface n'est pas lisse (verre cathédrale, martelé,...) disposées
en chicanes horizontales sur des supports; un éclairage intense, à
rayonnement rouge surplombera ce compartiment afin que des algues vertes prolifèrent
sur nos plaques de verre que l'on nettoiera par roulement, opération
très rapidement réalisée, les algues ne s'accrochant pas
sur le verre. Ce compartiment devrait occuper au moins le tiers de la longueur
totale du filtre pour être efficace. Une autre méthode de culture
d’algues consiste à placer dans un compartiment de la fibre de
perlon avec une texture très lâche permettant à la lumière
de la traverser, au moins en partie.
Ces deux dernières cellules occupent une grande partie du filtre car
elles sont vraiment très importantes; les bactéries, nuisibles
en grandes quantités, sont consommées par une microflore (algues)
et une microfaune importante (protozoaires, ciliés, vorticelles, métazoaires,
rotifères, nématodes ). Il faut remarquer que les algues vertes
libèrent certains types de vitamines et qu'une partie de la microfaune
transite dans l'aquarium, devenant ainsi des proies vivantes.
La partie suivante sera occupée par de la ouate de perlon ou de la mousse
synthétique à cellules ouvertes afin de retenir les dernières
impuretés et augmenter les supports bactériens.
Une nouvelle chambre de bullage suit, complétée par un volume
réservé au réchauffage de l'eau avant son retour dans l'aquarium.
Il est judicieux de placer le thermostat dans la zone d'arrivée de l'eau
à épurer afin que la régulation thermique s'effectue sans
à coup. Le procédé peut se compléter par un système
de mise à niveau constant, par un goutte à goutte pour le renouvellement
de l'eau en continu, par la mise en place de sonde pour analyses électroniques
etc. ...
Il est utile de prévoir une, deux, voir trois cellules supplémentaires
inutilisées en permanence, la pratique démontre que ces prévisions
ne sont pas un luxe en cas d'épizootie brutale pour placer un stérilisateur
UV, un bulleur à ozone (5 ml/heure pour 100 l d'air) suivi d'une filtration
complémentaire.
Le rejet de l'eau s'effectuant par pompe(s) électrique(s), la disposition
des orifices ne doit pas être laissée au hasard; pour des bassins
importants il est plus rationnel d'utiliser au moins deux pompes de débit
moyen au lieu d'une seule grosse qui, en tombant en panne stoppera toute filtration;
d'autre part il est plus difficile d'obtenir un brassage correct du milieu aquatique.
En effet, il faut prendre en compte le fait que des courants multiples renforcent
l'efficacité du filtre, évitent les strates thermiques et les
zones stagnantes inhérentes au décor; il faut également
savoir que les plantes s'entourent d'un halo d'eau "figée"
freinant la fonction chlorophyllienne. Partant de ces impératifs, les
prises d'eau à filtrer seront réparties équitablement sur
le fond tant devant qu'à l'arrière, juste au dessus du sable,
en prenant toutes précautions utiles évitant l'aspiration des
poissons (grilles en plastique à grosses mailles). Les rejets s'effectueront
en surface pour éviter la formation d'un voile bactérien et au
sein du fluide en s'efforçant de balayer la plus grande partie du décor
. Les tubes PVC utilisés en électricité (tube IRO) sont
largement employés en installation aquariophile mais le matériel
de plomberie sanitaire (toujours en PVC) est d'une utilisation plus facile étant
donné les diamètres et nombreux accessoires disponibles tels que
coudes, tés, vannes et autres raccords vissant.
Malgré toutes les techniques utilisées, la filtration ne peut
être assimiler à un processus naturel et pour pallier aux défauts
il est indispensable d'effectuer des changements régulier et partiel
de l'eau; on estime qu'un échange égal à 10 % du volume
est bénéfique. La solution la plus employée consiste à
siphonner cette petite quantité tout en aspirant les déchets (mulm)
posés sur le fond et nichés dans les anfractuosités du
décor puis à refaire le niveau avec de l'eau neuve à bonne
température. Un autre principe consiste à faire arriver en permanence
de l'eau neuve par une goutte à goutte et à évacuer l'eau
usée par trop plein; si ce dernier moyen complique un peu l'installation
il possède en revanche deux avantages : limiter le temps d'intervention
et annuler tous risques de stress chez nos amis poissons.