L'ÎLE MAURICE - HISTOIRE
(Extaits
de magazines parus en 1998)
L’île Maurice fait partie des Mascareignes et se situe au sud-ouest de l’Océan Indien, entre les latitudes 19''50 et 20''51 sud et les longitudes 57''18 et 57''48 est. De forme elliptique et occupant une superficie de 1865 kilomètres carrés, l’île a longtemps été considérée comme l’étoile et la clé de l’Océan Indien. Elle a pour voisins, à l’ouest, l’île de la Réunion à 231 kilomètres et Madagascar à 1083 kilomètres, elle est placée à 1800 kilomètres de la côte africaine, à 4000 kilomètres de l’Inde et au nord à 5800 kilomètres de la côte ouest de l’Australie. L'Ile Maurice accéda à l'indépendance le 12 mars 1968 et la République fut proclamée le 12 mars 1992. Le taux de change est la Roupie (Rs = 100 cents). La langue Officielle est l'Anglais, la population s'élève à environ 1,2 millions et le système politique est copié sur le régime parlementaire de type Britannique.
Ses points les plus éloignés s’étendent du nord au sud de Cap Malheureux à Souillac (58 kilomètres), et d’ouest en est de Flic en Flac à Grande Rivière Sud Est (47 kilomètres) et 330 Kilomètres de côtes. Formée depuis environ 70 millions d’années l’île est d’origine volcanique, mais toute activité volcanique y aurait cessé il y a un million d’années. Ses masses rocheuses sont de basalte de deux périodes très distinctes, séparées par une période assez longue d’érosion. Les premières séries volcaniques sont responsables du relief montagneux alors que les plus récentes ont donné lieu à la création des étendues de terre agricole.
CLIMAT
Loin de tout continent, L’île Maurice bénéficie d’un climat essentiellement maritime : tropical en été, sub-tropical en hiver. Durant la plus grande partie de l’année, les vents soufflent du sud-est, particulièrement entre mai et octobre. En été, des vents plus doux, parfois interrompus par des régimes cycloniques prévalent sur l’île.
La répartition des pluies tient compte de l’élévation des vents du sud-est, causée par les montagnes. La pluie varie ainsi selon les régions : elle atteint seulement 89 et 100 millimètres au sud-ouest, la région la plus sèche de l’île, mais peut dépasser 190 millimètres à l’Est alors que sur les haut-plateaux, dans la région curepipienne, il n’est pas rare que la pluie enregistrée soit de 300 millimètres. La saison des grandes pluies se situe entre janvier et mai.
L’île Maurice peut être divisée en trois régions à humidité variable :
LES MONTAGNES
On distingue,
à Maurice, essentiellement trois chaînes de montagnes : (a)
Celle de Moka qui part de la Nouvelle Découverte pour finir à
Montagne Ory.
(b) Celle de la Rivière Noire qui s’étend de la Montagne
du Rempart au Morne.
(c) Et celle de Grand Port qui part de la localité jusqu’à
Grande Rivière Sud-Est.La pointe la plus élevée est celle
du Piton de la Rivière Noire (828 mètres), alors que deux autres
montagnes dépassent les 800 mètres: Le Pieter Both (823 mètres),
Le Pouce (812 mètres) et la Montagne du Rempart (772 mètres).
Les cratères subsistant de la formation de l'île sont le Trou aux Cerfs à Curepipe et Trou Kanaka pour les plus connus.
LES RIVIERES
L’île est traversée par un grand nombre de rivières, dont la plus longue est la Grande Rivière Sud Est (GRSE), qui prend sa source à Piton du Milieu pour se déverser dans la mer 34 kilomètres plus loin.
Les principales rivières du pays sont :
Au nord, la Grande Rivière Nord Ouest (GRNO), longue de 22 kilomètres qui prend sa source à Butte Chaumont, près de Curepipe.A l’ouest, la Grande Rivière Noire qui prend sa source près de la Baie de Tamarin et s’y jette; la Rivière du Tamarin, longue de 14.4 kilomètres et dont la source se trouve près de Mare aux Vacoas.Dans le sud, la Rivière du Poste, qui ferme le district de Savanne, est longue de 23 kilomètres et prend sa source à Grand Bassin ; la Rivière des Anguilles prend sa source également à Grand Bassin, la Rivière du Cap qui sépare le district de Savanne de celui de Rivière Noire et produit la plus belle cascade de l’île, celle de Chamarel (91,5 mètres).A Grand Port, la Rivière la Chaux longue de 22 kilomètres qui part de Fressanges pour se jeter à Mahébourg, la Rivière des Créoles qui part de Midlands et finit à Mahébourg également après un parcours de 20 kilomètres.A l’Est, outre la Grande Rivière Sud Est (GRSE), qui est la plus longue de l’île, la Rivière Poste de Flacq, 18 kilomètres, se jette à Flacq et La Rivière Sèche, 11 kilomètres, dont la source est à Montagne Fayence.Enfin dans le Nord, La Rivière Rempart dont la source est à Nouvelle Découverte et qui est longue de 16 kilomètres, la Rivière des Pamplemousses, 17 kilomètres qui part de la plaine St Cloud et se jette dans la Baie aux Tortues.On compte aussi plusieurs cascades dans l’île, la plus haute étant celle de Tamarin (ou Sept Cascades) avec 293 mètres de chute suivie de la Cascade des Galets (153 mètres). Les Lacs Grand Bassin, Bassin Blanc et Mare aux Vacoas sont des lacs naturels. Mare aux Vacoas situé à 550 mètres d’altitude dans une des régions les plus pluvieuses de l’île est le plus grand. D’autres lacs artificiels sont ceux de La Ferme et La Nicolière, alors qu’on compte plusieurs mares.LES FORÊTS
Les forêts occupent environ 6% de la surface de l’île et sont constituées pour 80% de pins (Pinus Ellioti). Situées sur les terres de la Couronne, elles sont propriétés de l’Etat,à l‘exception de 560 hectares de forêts appartenant à des particuliers et 2800 hectares de forêts ont été déclarés réserves naturelles
LA FAUNE
La faune indigène a, dans une large mesure, été détruite, le spécimen le mieux connu étant le dodo, par ailleurs il ne reste que 9 espèces d’origine, dont les pigeons.
Le Dodo
Oiseau lent, disgracieux, à bec de pélican et à corps de gros canard dodu, ne pouvant pas voler car il avait des ailes très courtes mais qui lui permettaient de se défendre contre les attaques de ses rares ennemis. Le Dodo ou Dronte appelé 'Raphus cuclatus' dans le jargon scientifique, faisait partie de la faune de l'île. Selon la légende, l'île comptait un grand nombre de ces Drontes dont la lourdeur en fit des cibles faciles pour les chasseurs hollandais.LES INSECTES
On compte à Maurice 3000 espèces d’insectes : coléoptères, lépidoptères (papillon), hémiptères (poux) ; hyménoptères (abeilles, guêpes) et isoptères ainsi qu’une soixantaine d’espèces d’araignées, 200 espèces de crustacés, 3000 espèces de mollusques (dont 2400 marines).
LA FLORE
Les légumes
Voici les plus connus : le chouchou, le giraumon (citrouille ou potiron), le
pâtisson, le manioc, la pomme de terre, la bringelle (l'aubergine) et
encore les embrevades (ou embravattes à la Réunion), pipengaille,
fruit à pain, embérique, choux, margoze, arouille, lalo,vouëme,
haricot vert, patolle, comcombres, calebasse sans oublier la pomme d'amour (tomate).
– Les brèdes : épinards, oseille, bettes, chouchou, martin,
cresson, petsaï (genre de laitue), songe, moutarde, etc.
– Le palmiste : sous ce nom, il faut comprendre « cœur de palmier
».
Les
fruits
Voici les plus savoureux : mangue (nombreuses variétés), litchi,
papaye, goyave, carambole (de forme oblongue, vert-jaune avec des arêtes),
atte (avec une écorce verte à gros grains ovales et une chair
délicieuse), cœur de bœuf, grenadine, fruit de Cythère,
tamarin, corrosol, avocat, jamrosa, bibasse (nèfle), longanes, jamalaque,
jack-fruit (gros fruit de forme ovale), coco rouge, jujube, pommes jacquot,
bilimbi, jamblons. Et tous les classiques : melon, pastèque, banane (goûtez
à la « gingeli », hmm !), mandarine, citron vert et ananas.
Les épices
Classiques : muscade, clou de girofle, cardamome, cumin, massala (graine de
coriandre), gingembre, cannelle, poivre vert, piment, caripoulé, le vargon,
le « quatre épices ».
Massala : Le massala est composé de graines du cotomili ou coriandre. On utilise aussi les feuilles de cette petite plante (appelées persil chinois). Les graines sont écrasées pour être utilisées dans la poudre de curry.
Caripoulé : Le
caripoulé est un arbuste à feuilles à saveur aromatique
épicée s'utilisant dans les préparation des curry et aussi
dans les fricassées pour en relever la saveur.
Quatre épices : Arbuste à feuilles très aromatiques où l'on retrouve les saveurs de quatre épices différentes : cannelle, girofle, muscade et poivre.
Tamarin : Le tamarin est une pâte faite avec le fruit du tamarinier. On l'utilise dans certains mets, dont le curry; sa saveur est acide. On consomme également le tamarin sous forme de sirop.
A Maurice, on retrouve dans tous les menus de restaurants des plats indiens,
créoles, chinois et européens.
Quelques plats usuels :
– Le riz : On trouve de nombreuses variétés : des gros grains,
des petits, des longs. L'un des plus prisés est le basmati.
– Le vindaye : originaire de l'ouest de l'Inde, se prépare avec
moutarde, vinaigre, oignons, épices... et se sert froid.
– Le rougail : spécialité créole, venant de la Réunion.
À Maurice, il est surtout à base de tomates, oignons, ail, gingembre
et d'épices.
– Le chutney (ou chatini) : originaire de l'Inde. Mélange d'épices
écrasées, ail, gingembre, piment, vinaigre, etc.
– Le carry (ou curry) et le cari : typiquement indien, le carry n'est
pas une seule épice mais un ensemble d'épices. Le cari est le
nom d’un plat qui contient du carry.
– Les daubes : tout ce qui mijote pendant longtemps, accompagné
d’une sauce riche et épicée.
- Les achards: Légumes : carottes, choux, choux-fleurs, haricot (les
légumes finement hachés, sont séchés et mélangés
a une pâte composée de safran, piment, moutarde et huile). On en
fait aussi avec des mangues, bilimbis, jack, goyave et citrons.
– Briani (ou byriani) : plat musulman traditionnel du nord de l'Inde.
– Le cerf : La chair étant un peu dure, on le prépare souvent
en sauce.
– Les poissons : grillés, en cari, en vindaye ou même fumés.
– Les crustacés : crabes, bigorneaux, « tectecs »,
crevettes et crevettes géantes.
– Samoussas, dholl puri, beignets : « en-cas ». Les dholl
puri sont des sortes de crêpes extra-fines à peine cuites, très
souples, que l'on remplit de légumes et de sauce. Les samoussas sont
des feuilletés fourrés à base de pommes de terre ou de
viande, légèrement épicés, puis frits.
Boissons alcoolisées :
– Plusieurs rhums sont distillés dans l'île. Le Green Island
est un des plus prisés.
– Les Mauriciens préfèrent le whisky au « ti-punch
» ou au punch coco!
– Phœnix, Blue Marlin ou Stella : trois bières locales, douces
et agréables.
– Le vin : des raisins d'Afrique du Sud sont vinifiés à
Maurice. Essayez-en un verre, juste par curiosité.
Boissons chaudes
– Le café s'avère plutôt bon.
- Le thé est assez fort et la plupart du temps vanillé.
Les districts de l’île
LES ÎLOTS
On trouve, au large de Maurice, de nombreux îlots qui forment le territoire mauricien. Certains d’entre eux, loués à bail pour de longues périodes, sont occupés par des particuliers. Les plus connus des îlots sont :
Dans
la région Port-Louisienne :
L’île aux Tonneliers et L’îlot Barkly
Au large
de Rivière Noire :
L’île aux Bénitiers (45 hectares) l’île Fourneau
(11 hectares), l’îlot Fortier (5 hectares), et l’île
du Morne.
Dans
la région de Grand Port :
L’île de la Passe (2 hectares), l’île aux Fouquets,
l’île aux Vaquois, l’île Lafond, l’île Brocus,
l’île des Deux Cocos, l’île du Hangar, l’île
aux Aigrettes, Mouchoir Rouge, l’îlot Marianne.
Dans
la région de Flacq :
L’île aux Cerfs , l’île de l’Est, l’île
aux Fous, l’île aux lièvres.
Dans
la région de Rivière du Rempart :
L’île d’Ambre, l’îlot Matapan, l’îlot
Bernache, l’îlot du Mort.
Dans
la région du nord :
L’île Plate, Le Coin de Mire, l’île aux Serpents, l’île
Ronde, l’île au Colombier.
De nombreuses autres îles de l’Océan Indien font partie du territoire mauricien. La plus grande est l’île Rodrigues à 600 kilomètres au nord-est de Maurice. Le territoire national comprend également le groupe Cargados Carajos, communément appelé Saint Brandon, à 394 kilomètres au nord nord-est de l’Ile, Agaléga à 950 kilomètres au nord de Maurice, l’Archipel des Chagos, que revendique le gouvernement mauricien, à environ 2000 kilomètres au nord-est de Maurice et l’île Tromelin au nord-est de Madagascar (qui est toutefois également revendiquée par la France et Madagascar).
L'HISTOIRE
L’île Maurice a connu quatre périodes de colonisations (deux hollandaises, une française et une anglaise) avant de devenir, en 1968, indépendante de la Grande Bretagne, dans le cadre du Commonwealth.
Visitée plusieurs siècles auparavant par des navigateurs arabes, phoeniciens ou dravidiens, l’île Maurice n’a commencé à intéresser les Européens qu’à partir du début du 16ème siècle.La date exacte de la découverte de l’île par les Portugais a longtemps été matière à controverse. Certains historiens la place en 1511 en attribuant la découverte à Don Pedro de Mascarenhas, d’autres au 28 décembre 1511 et au navigateur Domingo Fernandez, mais dans un ouvrage publié en 1979, et après de longues recherches, le Dr A. North-Coombes révélait que c’est en fait le navigateur portugais Diego Dias qui découvrit l’île en juillet 1500 avant de découvrir un mois plus tard l’île de la Réunion.D’abord nommée « Ilha do cirna » par les Portugais, l’île intéressa peu ces derniers malgré le fait qu’elle fut 75 ans durant possession portugaise. Aucun établissement n’y fut établi et Maurice ne fut utilisée par les Portugais que comme un centre de ravitaillement ou lieu de refuge.Ils introduisirent du bétail dans l’île, mais ne laissèrent aucune habitation et on sait très peu de choses de leur passage dans la région.Première occupation
La première tentative sérieuse de colonisation fut faite par les Hollandais à partir de 1638. Quarante ans plus tôt, une flottille de navires hollandais (L’Amsterdam de Zélande, le Guelderland, l’Utrecht et la Frize) placée sous le commandement du Vice-Amiral Wybrandt Van Warwick poussée par une tempête était parvenue en vue de l’île, le 17 septembre 1598. Après avoir jeté l’ancre le 19 au large de Ferney (au Sud-est) les hollandais avaient entrepris d‘explorer l’île. Découvrant que celle-ci offrait un potentiel certain, Wybrandt Warwick en prit formellement possession au nom de la Hollande et la rebaptise « Maurice » en l’honneur du Stathouder (gouverneur) Maurice de Nassau.Après plusieurs missions exploratoires, un premier groupe de 25 colons, soldats et esclaves, placé sous le commandement de Cornelius Simons Gooyer était envoyé dans l’île pour y marquer une présence permanente sur la côte Est.Quelques habitations et fortifications furent construites, certaines régions défrichées et les ressources de l’île exploitées pour le compte de la Compagnie Hollandaise des Indes, mais d‘insurmontables difficultés (mauvaises conditions climatiques, invasions de rats, manque d’intérêt de la part de la compagnie) eurent raison de la persévérance des premiers colons qui, après 20 ans d‘une expérience marquée par l’échec, repartaient découragés.D’autres colons prenaient la relève, six ans plus tard, en 1664, pour une deuxième tentative de colonisation qui dura 42 ans, mais ne fut guère plus encourageante.
Quelques constructions furent érigées (dont il reste, au Vieux Grand Port, quelques ruines), les routes furent améliorées, d’autres régions explorées, l’élevage intensifié. Malgré un effort plus soutenu que lors de la première période de colonisation, les Hollandais ne purent rentabiliser leur entreprise et en 1710 ils repartaient, cette fois définitivement, laissant pourtant derrière eux la culture de la cannes à sucre, introduite des Indes Orientales, qui allait déterminer le destin de l’île Maurice.
La dominance française
Cinq ans après, en septembre 1715, les Français (qui avaient déjà montré leur intérêt pour les îles du sud-ouest de l’Océan Indien en colonisant Madagascar et l’île Bourbon (aujourd’hui Réunion) prirent rapidement la relève des Hollandais. Guillaume Dufresne, capitaine du « Chasseur », déparqua le 20 septembre au Port Nord-Ouest (Port Louis) et prit solennellement possession de l’île au nom du roi de France, la rebaptisant « île de France ». En guerre contre la Grande Bretagne, soucieuse de se doter de ports bien abrités et de compenser ses pertes dans les guerres contre l’Angleterre et l’Autriche, la France tenta aussitôt de tirer parti de sa nouvelle acquisition.Des esclaves furent amenés de Madagascar et d’Afrique pour le développement de l’agriculture, le système de communications internes fut rapidement développé, la capitale transférée de Grand Port à Port Louis, le commerce développé.De généreuses concessions furent octroyées aux colons de l’île Bourbon en vue de les attirer à l’isle de France.La colonisation française peut se diviser en deux périodes : la première sous l’administration royale, de 1765 à 1810. Dès mars 1723, un « Conseil Provincial » fut institué.
En 1731,De Maupin décida le transfert de la capitale à Port Louis. L’Administration de la Compagnie des Indes sera particulièrement marquée par le passage dans l’île du gouverneur Mahé de Labourdonnais (1735 – 1746) qui convertit Port Louis en importante base navale. Il fit bâtir plusieurs immeubles publics, casernes, docks et canaux. Labourdonnais établit un « Conseil Supérieur », encouragea l’agriculture et la culture de la canne à sucre en particulier. 2500 colons de Bourbon s’établirent à Maurice, qui prospéra pour devenir un important centre de commerce dans cette partie du monde. En juillet 1748, les Anglais tentèrent sans succès de conquérir l’île. Confronté à d’importantes difficultés, la Compagnie des Indes rendit l’île au roi de France en 1765. Le 4 juillet 1768, débarquait à l’isle de France, Bernardin de St Pierre, qui allait immortaliser Paul et Virginie dans le roman le plus célèbre ayant pour toile de fond l’île Maurice. La même année, l’île était divisée en «quartiers», qui allaient devenir les « districts » actuels. En 1773 est publié le premier journal de l’île, qui sera suivi en deux siècles de six cents autres.
La révolution
Le 18 juin 1790, les colons apprennent la nouvelle de la révolution en France. Une « assemblée coloniale » est mise sur pied, une nouvelle constitution introduite, des élus au parlement français désignés, des comités locaux institués. Bonaparte les dissoudra tous en 1803.
La menace anglaise
Entre temps, l’Angleterre confirma peu à peu sa supériorité sur les mers. Le 27 août 1810, des troupes anglaises tentent d’envahir l’île de France et sont repoussés lors de la Bataille de Grand Port qui fut la plus grande victoire navale des guerres de l’empire. Mais le 29 novembre une nouvelle expédition anglaise partie de Rodrigues débarque au nord de l’île et marche sur Port Louis.Le gouverneur Decaen, pour éviter un bain de sang, capitule. Le traité de capitulation reconnaît aux habitants de l’île le droit de conserver leurs coutumes, traditions, langue et religion. En 1814 par le traité de Paris, l’isle de France est cédée à l’Angleterre par la France alors que l’île de la Réunion demeure Française.L’administration britannique
L’administration britannique sera marquée par la tentative des nouveaux maîtres de l’île de se concilier les faveurs de la population locale. Un ordre d’abolition de l’esclavage est publié dès le 14 janvier 1813 (mais il ne sera appliqué qu’à partir de 1835). Les termes de l’accord de capitulation sont scrupuleusement respectés. Un conseil de gouvernement consultatif est institué. La culture de la canne à sucre est rapidement développée, l’île de France (entre-temps rebaptisée « Mauritius ») devant devenir fournisseur de cette matière première pour l’Angleterre, selon le rôle qui lui est imparti dans l’Empire par le pouvoir colonial.
L’immigration Indienne
Avec l’abolition formelle de l’esclavage en 1835, contre l’avis des colons, commence une importante immigration de travailleurs indiens : 450 000 travailleurs « engagés » viendront à Maurice en 30 ans, constituant dès les années 1860 une majorité de la population et entraînant une progression constante dans la production du sucre qui atteindra 100 000 tonnes en 1855 et 250 000 tonnes en 1925 . Le rôle du sucre deviendra alors dominant dans l’économie de l’île.
La démocratie régionale est introduite en 1849 avec les premières élections municipales à Port Louis. Le chemin de fer est introduit en 1862, la roupie en 1877 (monnaie toujours en cours dans l’île), et en 1884 les premières usines fonctionnent à l‘électricité.En 1886, après une longue bataille pour une réforme constitutionnelle destinée à accorder aux Mauriciens un rôle accru dans les affaires de l'île, une nouvelle constitution est introduite, prévoyant l’élection de 10 députés et des élections tous les 5 ans. Le droit de vote demeure pourtant limité.Conservateurs (Oligarches) et libéraux s’affrontent aux élections de 1886 à 1921, les Conservateurs gardant la haute main sur le conseil législatif, alors que se crée entre les couches défavorisées de la population une unité politique marquée par des demandes d’extension de suffrage et d’amélioration des conditions de vie de plus pauvres. Des commissions d’enquêtes royales successives iront dans ce sens. En 1921, un mouvement visant à la rétrocession de l'île Maurice à la France mené par le Dr Maurice Curé est écrasé aux élections alors que la Grande Bretagne confirme son intention de garder Maurice dans l’Empire. Le même Curé lancera, en 1936, le Parti Travailliste, qui de succès en succès, aux élections de 1948, 1953, 1959, 1963 et 1967 obtiendra l’indépendance de Maurice le 12 Mars 1968. Entre-temps sur le plan social, on assiste à la démocratisation de l’enseignement, à la montée des aspirations, au développement de l’infrastructure de l’île, à une forte poussée démographique qui portera la population de moins de 400 000 en 1831 à plus de 700 000 habitants au moment de l’Indépendance.Dans le même temps, la vie politique mauricienne se caractérise par une grande sophistication alors qu’est consolidée la démocratie. Une action intense marquée par des grèves dans les années 30 entraîne la reconnaissance des droits des travailleurs, la réforme des lois du travail, la célébration en 1938 pour la première fois à Maurice de la Fête du Travail.La montée vers l’indépendance ou la vie politique contemporaine
Majoritaire
au Conseil Législatif dès 1959, le Parti Travailliste sous la
direction de Sir Seewoosagur Ramgoolam œuvre en faveur d’une plus
grande autonomie et éventuellement de l’Indépendance.
Regroupant l’essentiel de l’électorat rural (que lui dispute
un temps l’Indépendant Forward Block, de Sookdeo Bissoondoyal )
le Parti Travailliste remporte les élections législatives de 1963
et insiste pour l’indépendance complète.
L'INDEPENDANCE
Le drapeau mauricien est hissé pour la première fois au Champ de Mars à Port Louis, le 12 mars 1968. Sir Seewoosagur Ramgoolam et Gaëtan Duval réconcilient le pays dans un gouvernement d’unité nationale en 1969. On assiste alors à la création et à la montée du Mouvement Militant Mauricien (MMM) formé en 1969 par de jeunes universitaires, dont Paul Bérenger. Le Mouvement Militant Mauricien prendra aux partis traditionnels de larges tranches de leur électorat, organise les syndicats, déclenche des grèves menant à l’état d’urgences en 1971. Le parti de M. Bérenger et de M. Anerood Jugnauth passe de très peu à côté du pouvoir en 1976, mais il est évident que le régime travailliste s’affaiblit et en 1982, il est balayé (60 sièges à 0) aux élections générales qui voient l’arrivée au pouvoir d’un Mouvement Militant Mauricien toutefois assagi et plus modéré.
La rupture
Un conflit opposant Sir Anerood Jugnauth à Paul Bérenger en 1983 provoque l’éclatement du gouvernement Mouvement Militant Mauricien. Sir Anerood Jugnauth reste au Gouvernement à la faveur d’un accord électoral avec le Parti Travailliste et le Parti Mauricien Social Démocrate. Sir Seewoosagur Ramgoolam devient Gouverneur Général du pays et Sir Gaëtan Duval Vice Premier Ministre. Bérenger et le Mouvement Militant Mauricien repassent dans l’Opposition.S’ensuit alors une longue période de forte prospérité économique. L’Ile Maurice se hisse au rang des pays nouvellement industrialisés. L’île accueille de nombreux investisseurs étrangers, dans ses zones industrielles, le chômage (qui avait atteint 20% est résorbé, le Produit National Brut par tête d’habitant est décuplé.Maurice devient quelques années plus tard une République au sein du Commonwealth, avec un Président à sa tête. De nouveaux secteurs économiques (offshore banking, zone franche, zone de services, tourisme) sont favorisés. Le pays est présenté par la Banque Mondiale comme un exemple économique à suivre. En décembre 1995, après une certaine usure du pouvoir, Sir Anerood Jugnauth est battu aux élections générales après douze ans de pouvoir. Une nouvelle coalition regroupant cette fois le Parti Travailliste (animé par le Dr Navin Ramgoolam, fils de Sir Seewoogur) et le Mouvement Militant Mauricien de Paul Bérenger prend le pouvoir. Toutefois cette coalition se brouille en juin 1996. Paul Bérenger est révoqué du gouvernement. Tous ses ministres le suivent dans l’opposition.Depuis, le Parti Travailliste gouverne seul le pays. Le Mouvement Militant Mauricien est repassé dans l’opposition, où il a rejoint le Mouvement Socialiste Mauricien de Sir Anerood Jugnauth.L’Ile Maurice fêta le 12 mars 1998 le 30ème anniversaire de son indépendance; une expérience dont chacun s’accorde à dire qu’elle a été un retentissant succès.
1968 : L'INDEPENDANCE
Le contexte de l’indépendance : un climat de lourdes appréhensions.
Instabilité
politique.
Tensions communales.
Difficultés économiques.
Chômage insoutenable.
Psychose de l’émigration.
Mais également une forte volonté de réussir un parti historique.
L’Ile Maurice accède, le 12 mars 1968 à l’indépendance dans un climat de lourdes appréhensions. Sur à peu près tous les plans, politique, social, économique, la situation est difficile et incertaine et chacun s’interroge sur les perspectives d’avenir dans l’île.
Sur le plan politique, les années 1963-67 ont vu apparaître une dangereuse bipolarisation.Le Parti Travailliste, largement majoritaire aux élections générales de 1948 et 1953 dans le pays, et alors véritablement national dans la composition de son électorat, a vu son influence diminuer et la nature de son soutien changer. Il doit, aux élections de 1967, faire alliance avec le Comité d’Action Musulman de Razack Mohamed et avec l’Independent Forward Block de Sookdeo Bissoondoyal, pour espérer dépasser la barre des 50% des suffrages en faveur de l’indépendance.Le Parti Travailliste en 1968 a, en effet, perdu, au profit du Parti Mauricien, une très large fraction de son électorat de la population générale et domine surtout les régions rurales, puisant sa force dans l’électorat hindou. Seuls Guy Forget, Harold Walter, Raymond Rault, Michael Leal, Guy Balancy, Régis Chaperon et quelques autres lui apportent une certaine caution, bien que très faible, de la population générale. Son alliance avec le Comité d'Action Musulman lui permet de présenter une image tant soit peu nationale, mais le Comité d'Action Musulman a lui-même perdu plusieurs sièges au profit du Parti Mauricien Social Démocrate. Quelques mois avant l’indépendance, aux élections de 1967, le leader du Comité d'Action Musulman, Mohamed, avait été lui-même battu aux élections à la Plaine Verte par les candidats du Parti Mauricien Social Démocrate, notamment Ebrahim Dawood, et n’avait pu entrer au Parlement que comme best-looser. Avec d’autres jeunes musulmans, notamment Monaf Fakira et Elias Oozeerally, le Parti Mauricien Social Démocrate contrôle donc en 1968 une large part de cet électorat. Avec Jean Ah-Chuen dans la population sino-mauricienne et Tangavel Narainen et un parti 'Tamil United Party' allié au Parti Mauricien Social Démocrate, le parti ratisse large en 1968 et fait le plein dans plusieurs groupes sociaux. Pour le Parti Travailliste, parti de Rozemont et d’Anquetil, de Seeneevassen et de Ramgoolam, c’est là une évolution dramatique que le parti ne pourra jamais véritablement renverser. De ce fait, dans le subconscient des minorités l’indépendance sera perçue surtout comme la perspective de la domination d’un seul groupe ethnique sur les autres.Même dans l’électorat rural, le Parti Travailliste ne contrôle pas entièrement la loyauté de tous les électeurs. Au fil des années, l’Independant Forward Block de Sookdeo Bissoondoyal, Gangaram, Jeetah et Anerood Jugnauth, particulièrement dans le sud de l’Ile, lui a toujours disputé une suprématie absolue et si Sookdeo Bissoondoyal est entièrement en faveur de l’indépendance, il n’en est pas moins souvent hostile à Sir Seewoosagur Ramgoolam et il le montrera bien, quand refusant la coalition Parti Travailliste– Parti Mauricien Social Démocrate en 1969, et renvoyé du gouvernement, il repassera dans l’Opposition.Quant au Parti Mauricien, enfin, devenu Parti Mauricien Social Démocrate sur l’insistance de Gaëtan Duval, il s’est considérablement renforcé entre 1963 et 1968. Ceci est largement dû à des influences systématiquement employées, à des sentiments profonds d’insécurité dans la population générale renforcés par les incidents de Trois Boutiques en 1965, mais surtout grâce au chef de partie Gaëtan Duval. Celui-ci jeune député de Curepipe, avocat de 38 ans, a succédé à Jules Koenig à la direction du parti et fait figure (et adopte le style) du roi politique des minorités, à la faveur d’un culte de la personnalité sans doute encore jamais vu à Maurice. Aux élections de 1967, le Parti Mauricien Social Démocrate a balayé les sièges dans les villes, a fait voter 44% des mauriciens contre l’indépendance et a, subséquemment, gardé mobilisé cet électorat qui, déjà, émigre en masse vers l’Europe, L’Afrique du Sud et l’Australie. Les Travaillistes ont donc, en face d’eux au moment de l’indépendance un formidable appareil d’opposition systématique qui contrôle tous les conseils urbains et qui est puissamment soutenu par les employeurs mauriciens.La marge de manœuvre politique du Premier Ministre, Sir Seewoosagur Ramgoolamen cette année 1968, est donc très étroite.Au moment de l’indépendance, Sir Seewoosagur Ramgoolam tente surtout d’apaiser les craintes de domination hindoue chez les minorités et tentera souvent de mettre le Parti Mauricien Social Démocrate dans le coup en lui demandant d’accepter le fait de l’indépendance et de conclure avec lui un accord pour un gouvernement de coalition, mais sans succès. Sir Seewoosagur Ramgoolam pourtant n’abandonne pas ; il compte outre-mer de puissants soutiens politiques, d’abord au Parti Travailliste britannique au pouvoir à Londres en 1968, mais aussi en France ou le Général de Gaulle l’aidera, par Michel Debré interposé, à ramollir l’opposition du Parti Mauricien Social Démocrate à une coalition, et à faire adhérer Maurice au Marché Commun comme membre associé (au grand dam du Parti Mauricien Social Démocrate) qui en avait fait sa plateforme electorale. En Inde, en Chine, aux Nations Unies, à Washington, Sir Seewoosagur Ramgoolam a des amitiés influentes qu’il fait jouer pour apaiser les rancoeurs et consolider son régime.
Hostilité et méfiance
Sur le plan social, les hostilités politiques alimentent un communalisme effréné et l’atmosphère est dangereusement différente de ce qu’elle est aujourd’hui à Maurice. A la méfiance opposant une population de religion chrétienne et les hindous, se sont ajoutés trois mois plus tôt des bagarres raciales traumatisantes entre créoles et musulmans à Port Louis, faisant une quarantaine de morts, des centaines de sans-abri, et fermant littéralement Port Louis pendant plusieurs jours.
Au moment où Maurice accède à l’indépendance, des centaines de soldats anglais assurent l’ordre et la paix, mais à force de patients efforts et d’appels au calme des autorités religieuses, le calme revient peu à peu dans la capitale. Les autres régions ont été heureusement épargnées par ces conflits. Mais le climat social reste pesant.
L’émigration
Des centaines de familles émigrent en 1968 à l’étranger et l’émigration est un sujet de conversation qui divise bien des familles dont les membres souvent se coupent en deux avec le choix de partir ou l’acte de foi de rester et de laisser venir.
L’économie également ne va pas très fort, Maurice dépend alors massivement du sucre, qui représente 90% des exportations et emploie la moitié de la main d’œuvre, et chaque cyclone renvoie le pays dix ans en arrière.
On note des débuts timides d’industrialisation, mais surtout dans le domaine de la substitution à l’importation et non encore pour l’exportation. Les nouveaux produits manufacturés à Maurice doivent faire face à des préjugés tenaces en faveur de produits importés. La diversification agricole obtient pourtant de bons résultats. On tend vers l’autosuffisance et l’Agricultural Marketing Board fait de son mieux. La pêche laisse voir son potentiel, surtout dans les îles. Le thé est porteur de bien des espoirs (qui seront, au fil des ans, déçus), mais le sentiment général est qu’il y a, à Maurice, en mars 1968, un potentiel qu ne demande qu’à se développer.
Le chômage
Le chômage, néanmoins, fait rage. Il y a quelque 20% de chômage, faisant peser sur le gouvernement des pressions insoutenables que le régime de Sir Seewoosagur Ramgoolam tente d’alléger en créant des emplois dans le ‘relief work’, quatre jours par semaine, au lieu de stimuler le secteur production. Ce programme d’emplois artificiels sera un désastre financier et social, installant dans la population des habitudes de paresse et d’inutilité qui prendront longtemps à disparaître.
Maurice, en 1968, est classée parmi les nations faiblement développées. Le Produit National Brut (PNB) n’est que de 840 millions de roupies soit 1086 roupies par tête d’habitant. Ce dernier chiffre est lui-même en baisse (il était de 1283 roupies en 1963, cinq ans plus tôt). La balance de paiements est déficitaire, de même que la balance commerciale, Maurice, en effet, importe en 1968 pour la première fois plus de 400 millions de roupies de marchandises notamment de la Grande Bretagne (100 millions de roupies), du riz de Birmanie (42 millions de roupies), de France (24 millions de roupies), d’Allemagne (28 millions de roupies), d’Australie (25 millions de roupies). Les exportations sont, l’année de l’indépendance, de 354 millions de roupies, composées de sucre, avec la Grande Bretagne absorbant 272 millions de roupies à elle seule, mais aussi le Canada (44 millions de roupies), les Etats Unis (21 millions de roupies).
Le déficit commercial de 67 millions de roupies, survenant après un autre déficit de 64 millions de roupies en 1967 est jugé « énorme » et inquiète profondément.
L’inflation est forte et l’indice du coût de la vie est passé de 106,6 en 1967 à 114,1 en 1968. Les taux de change sont alors beaucoup plus stables qu’aujourd’hui. La livre sterling coûte 13 roupies 40 (aujourd’hui 44 roupies 92), le dollar australien 6 roupies 27 (2003: 17 roupies 98), le Franc français 1 roupie 15 (aujourd’hui passé l'Euro 31 roupies 83), le dollar américain 5 roupies 60 (aujourd’hui 27 roupies 87), le rand sud-africain 7 roupies 83, (aujourd’hui 3 roupies 73), le dollar de Hong Kong à 92 cents (aujourd’hui 3 roupies 59) et le deutsche mark 1 roupie 40 (aujourd’hui passé à l'Euro 31 roupies 83).
Données Démographiques
La population mauricienne, au moment de l'indépendance, en 1968 est de 794746 âmes, ainsi répartis : Hindous 412982, population créole : 225478, Musulmans : 131257 et Sino-Mauricien : 25029. Elle augmente de 12700 âmes par an, avec un des taux de progression démographique les plus forts de la planète malgré de gros efforts dans le domaine de la planification familiale. 56,7% de la population est âgée de moins de 21 ans (soit 446500 personnes). L'émigration fait rage : 4500 personnes quittent Maurice en 1968, principalement vers l'Europe et l'Australie, après 3600 autres l'année précédente.
Le chômage fait également rage. Les statistiques officielles de l'emploi font apparaître 16600 chômeurs en mars 1967 mais ce chiffre est jugé totalement artificiel, car le gouvernement emploie déjà 17700 travailleurs suppléants quatres jours par semaine, ce systéme d’assistance fut dénommé "Quatre jours à Paris", sous entendant une forme de travail fictif. Ces travailleurs de relève sont passés de 5000 en 1965 à 17000 trois ans après.
Au total 106000 Mauriciens ont des emplois : 56431 dans l'agriculture, 28000 dans le gouvernement et les municipalités 7600 dans l'industrie. Le salaire moyen est de 7 roupies par jour. Un boulanger touche 6 roupies 75 par jour, un charpentier 8 roupies, un maçon 8 roupies, un mécanicien 11 roupies 50 , un électricien 7 roupies 20, un receveur d'autobus 8 roupies 25 et un laboureur 6 roupies. Le salarié de l'industrie sucrière touche lui, 149 roupies par mois.
Le gouvernement poursuit, malgré tout, sa politique d'aide aux désavantagés. Il verse à 41000 Mauriciens une pension de vieillesse, au coût de 11 millions de roupies par an. L'allocation familiale absorbe 8 millions de roupies pour 40000 familles.
L'Education
Au chapitre de l'éducation, on relève 332 écoles primaires avec 142900 élèves et 4200 enseignants et 137 collèges secondaires avec 40000 étudiants. On constate un déséquilibre avec deux fois plus de garçons que de filles à l'école. L'éducation, en ce temps, est payante, 10 roupies pour la forme 1 et 25 roupies pour la Senior et la HSC.
Le développement
10000 voitures sont sur nos routes, 2600 mobylettes, 1900 motocyclettes, 650 autobus et 2400 camions. Maurice est un centre important de trafic maritime avec 1270 arrivées de navires, davantage qu'aujourd'hui. 550 avions atterrissent à Plaisance chaque année déversant 29000 passagers et 16000 touristes.
16000 familles sont les heureuses utilisatrices du téléphone et 12000 familles ont la télévision en noir et blanc, quatre fois plus qu'en 1965. C'est le temps où on partageait sa télé avec ses voisins.
Le budget courant de l'Etat est de 230 millions de roupies, le budget annuel de développement de 60 millions de roupies. Le déficit budgétaire, jugé scandaleux par l'opposition est de 4,6 millions de roupies.
La taxe
(impôts), contre laquelle tout le monde s'insurge puisque le plafond est
de 70%, rapporte 26 millions de roupies de la part des particuliers et 18 millions
des compagnies. L'impôt sur le jeu rapporte 2 millions de roupies, la
poste génère 4,2 millions de revenus. Le gouvernement britannique,
en cette année 1968, accorde généreusement à Maurice
18,4 millions de roupies pour renflouer son budget. Le gouvernement dépense
1,6 millions pour le logement, 29 millions pour l'éducation, 8 millions
pour les routes et 90 millions pour les budgets d'aides sociale. Rodrigues a
droit à la bagatelle de 3 millions de roupies. La dette publique est
de 300 millions de roupies. La Banque de Maurice nouvellement crée s'enorgueillit
d'avoir des actifs de 302 millions. Les liquidités en circulation dans
le pays ne sont que de 89 millions de roupies.
Enfin, on annonce un "démmarrage industriel spectaculaire",
avec des investissements de 73 millions pour 45 usines.
Chronologie historique
1500
Découverte de l'Ile par les Portugais qui la nomment Ile du cygne (Ilha
do Cime).
1598 Prise de l'Ile par les Hollandais qui la rebaptisent Mauritius (du nom
de leur prince Maurice de Nassau).
1638 Arrivée des colons hollandais.
1639 Introduction de la canne à sucre.
1710 Les hollandais abandonnent l'Ile.
1715 Les français annexent l'Ile et la rebaptisent Isle de France.
1719 Louis XV cède l'île à la Compagnie des Indes.
1721 Arrivée des colons français.
1735 Début de l'administration de Mahé de la Bourdonnais qui développe
l'activité commerciale maritime de l'Ile Maurice, création de
Port Louis.
1744 L'Isle de France devient célèbre à cause du naufrage
du Saint Géran, qui transportait Virginie, dans la baie du tombeau. L'histoire
de Paul et Virginie a été immortalisée par Bernardin de
Saint Pierre.
1747 Mahé de la Bourdonnais doit quitter l'île.
1756 Arrivée des premiers corsaires, dont le célèbre malouin
Robert Surcouf.
1764 Faillite de la Compagnie des Indes, Louis XV rachète L'île.
1767 Arrivée des premiers administrateurs royaux tel que l'intendant
Pierre Poivre qui tente d'acclimater les épices, c'est un échec.
1810 Les anglais prennent l'île qu'ils rebaptisent Mauritius.
1835 Abolition de l'esclavage, les esclaves sont remplacés par des indiens
qui travaillent pour un salaire de misère.
1967 Les mauriciens votent en faveur de l'indépendance.
1968 Proclamation de l'indépendance le 12 mars, l'île Maurice entre
dans le Commonwealth britanique, Seewoosagur Ramgoolan devient premier ministre.
1992 Le 12 mars, l'île Maurice devient une république indépendante.
Hymne national de l'Ile Maurice
Glory to thee
Motherland, O Motherland of mine.
Sweet is thy as beauty
Sweet is thy as fragrance
Around thee we gather.
As one people,
As one nation
In peace, justice, and liberty
Beloved country,
May God bless thee
For ever and ever