L'EAU

Elément essentiel et indispensable à toute vie, elle n'est pas sans nous poser quelques problèmes. Si les eaux de mer sont relativement homogènes dans leur composition (environ 35gr de sel divers par litre d'eau pure), les eaux douces sont loin de leur ressembler car l'origine étant l'eau de pluie présumée pure, elle traverse des sols de compositions très différentes d'un point à un autre ce qui fait que l'eau de la source ou du robinet qui remplira le ou les aquariums sera bien différente de celle du biotope d'origine des poissons que nous tentons d'élever. Dés le départ nous aurons d'emblée un handicap à surmonter malgré la faculté d'adaptation de nos pensionnaires.
Chaque réseau d'eau potable distribue une eau aux qualités physico chimique différentes et il est aisé d'en connaître les caractéristiques moyennes en contactant le service qui dessert l'agglomération; pour ce qui est des eaux récoltées naturellement (sources, puits, etc.) il faudrait être prudent et procéder à des analyses succinctes plusieurs fois en cours d'année; suivant les saisons, la qualité des eaux varie à cause des pluies, de la sécheresse, des cultures environnantes.

LA DURETE :
La dureté ou minéralisation est une caractéristique aisément visible (dépôts sur les parois d'ustensiles ménager, croûtes se formant sur la résistance chauffante de l'aquarium ) elle est définie par la quantité de sel calcaire en dissolution et se scinde en trois groupes :


dureté temporaire (disparaît à l'ébullition )

dureté permanente

dureté totale (somme des deux précédentes )


Il faut signaler que les unités exprimant les différentes duretés varient suivant les pays.
La dureté joue un rôle important dans l'équilibre du milieu, empêchant ou freinant certaines réactions chimiques, c'est ce que l'on nomme le pouvoir tampon; cette même dureté peut également devenir un handicap pour la vie ou la reproduction des poissons et bon nombre d'entre eux s'accordent mal d'une dureté trop élevée. On peu envisager deux solutions : choisir poissons et plantes compatibles avec la qualité de l'eau disponible ou "travailler" cette même eau afin que les paramètres soient requis. Pratiquement partout en France l'eau est dure mais encore faut il connaître le taux de dureté qui s'exprime en degrés (français ou allemand ) et que l'on recherche facilement grâce à des trousses d'analyse .
Obtenir une eau pure, donc à zéro degré, n'est pas très simple et nécessite un matériel onéreux et complexe pour l'adoucissement par bi permutations (anions + cations), par osmose inverse ou par distillation en appareils de verre; il faut noter que l'on ne doit jamais utiliser de l'eau adoucie à l'aide d'appareils ménagers qui se contentent de remplacer le calcium par du sodium. Il est possible d'obtenir de l'eau très douce en récoltant de l'eau de pluie mais des précautions s'imposent; la récolte doit s'effectuer loin des agglomérations et zones industrielles, en dehors des régions côtières, sur des toits ne comportant pas de parties métalliques et l'utilisation doit toujours débuter par une filtration énergique, une aération prolongée, et ne pas être utilisée pure; il est également possible d’obtenir de l’eau déminéralisée potable dans certains clubs aquariophiles bien équipés, dans les magasins spécialisés, ou tout simplement en utilisant de l’eau de Volvic la moins minéralisée naturellement, mais le coût peut vite devenir prohibitif.

 

LE PH :
Autre paramètre pris en compte essentiellement pour la reproduction, sa détermination s'effectue par méthode électronique ou colorimétrique; malgré tout, bon nombre d'aquariophile considèrent cette mesure comme importante; il faut dire qu'une valeur stable du PH indique un aquarium équilibré mais de nombreux facteurs influent et peuvent le faire varier au cours d'une journée (luminosité, plantation, peuplement ) mais ces variations sont répétitives pendant de longues périodes.
La plupart des phénomènes biologiques se déroulent normalement entre PH 6 et PH 8 donc toute variation importante par rapport à une valeur moyenne doit inciter à une recherche de la cause profonde de cette variation, encore faut-il bien connaître cette valeur moyenne inhérente à chaque aquarium.

Dégradation des matières organiques :
Un autre genre d'analyse colorimétrique est celui des nitrates, nitrites et éventuellement, de l'ammoniac; il sert à mesurer le taux de ces toxines dans l'aquarium que se soit lors de la mise en service, lors d'élevages ou le plus souvent quand surgit un problème grave tel que mort en cascade des poissons.

LE CYCLE DE L'AZOTE :
Les matières organiques sont constituées principalement d'azote que l'on rencontre dans l'aquarium à l'état dissous (négligeable), à l'état organique (protéine, urée) et à l'état minéral sous forme ammoniacale (ammoniac, nitrites, nitrate). L'azote minéral est assimilé par les bactéries et les végétaux qui le synthétisent en protéines assimilables par les animaux (phytoplancton, plantes) pour renouveler leurs cellules et produire de l'énergie.
Ces composés azotés vont par conséquent se retrouver dans les urines, excréments, cadavres d'animaux et de végétaux après leur mort et le cycle recommencera.
Ce processus se déroule en deux étapes principales : ammonisation et nitrification.

L'AMONISATION :
Cette première étape très complexe est effectuée par un grand nombre de micro-organismes, bactéries du genre bacillus, bactérium, micrococus mais aussi vibrionacées. Elle conduit à la formation d'acides aminés, de composés ammoniacaux et de gaz carbonique.

LA NITRIFICATION :
Ces composés ammoniacaux sont à leur tour dégradés par de nouveaux micro-organismes dit nitrifiants.
Un premier type de bactéries (nitrosomas) transforme les composés ammoniacaux en acide nitreux qui réagit avec les bases rencontrées (sodium, calcium, potassium ) pour donner des sels, nitrites de sodium, de potassium, de calcium ,c'est la nitrosation . Simultanément, d'autres genres de bactéries (nitrobacter) oxydent l'acide nitreux et les nitrites en acides nitriques formant avec les bases des nitrates de sodium, de potassium, de calcium; cette seconde étape de dégradation biochimique de l’acide nitreux en acide nitrique s'appelle la nitratation. Toutes ces dégradations successives sont effectuées grâce à des ferments sécrétés par des micro-organismes qui tirent de ces réactions leur énergie (organismes autotrophes). Cette chimiosynthèse dispense ces organismes de lumière, indispensable à ceux qui utilisent la photosynthèse, mais sont avides d'oxygène et très sensibles à toute pollution chimique, antibiotique, et soufrent de la compétition avec d'autres bactéries quand les conditions deviennent défavorables (manque d'oxygène, de certains oligo éléments, abaissement du PH, etc.). Ainsi, des nitrates en abondance et un déficit en oxygène peuvent entraîner une prolifération brutale de bactéries dénitrifiantes (anaérobie) qui réduisent les nitrates en nitrites puis en composés ammoniacaux (inversion du cycle).
Ce retour aux sources n'aurait pas de conséquences si nitrites et ammoniac n'étaient toxiques pour la flore et la faune.Dans la nature le risque de cycle inversé est très limité, sauf en cas de pollution par l'homme, mais s'avère courant en aquarium du fait de volume restreint, plantation insuffisante et surpopulation animale. Des analyses périodiques, ou lors de perturbations, deviennent nécessaires pour pallier un risque d'empoisonnement et au maintient de l'équilibre.


Pour information, les seuils d'alarme pour un PH de 7,5 sont :

ammoniac : 0,100 mg/l

ammonium : 1 mg/l

nitrites : 0,100 mg/l

nitrates : 50 à 100 mg/l


Toutes ces bactéries indispensables au cycle de l'azote sont fixées sur le sol, le décor, les plantes, les glaces et le substrat de filtration; en conséquences, il ne faut jamais effectuer un nettoyage complet de l'aquarium (décor, glaces, filtre ) mais opérer par fractionnement afin d'éviter la destruction massive de ces bactéries.
 
LES POISSONS
 
Le choix est vaste et difficile pour un débutant qui obtiendra des résultats décevants s'il acquiert tout ce qui lui semble beau et réalisera plutôt un aquarium prison.
Les poissons sont des animaux et comme tels ils ont des besoins, des maladies, des rivaux, aussi est il indispensable de se documenter parmi les ouvrages disponibles et peu à peu ...... la maladie va se développer chez l’humain, entraînant la multiplication de récipients nommés aquarium !
 
LA NOURRITURE
 
Le commerce aquariophile propose une panoplie d'aliments de compositions variées en paillettes, tablettes, granulés et animaux déshydratés (vers, crevettes ). Ces produits sont pour la plupart bien étudiés et suffisent presque toujours à maintenir nos poissons en vie mais certaines espèces ne se satisfont pas d'une alimentation exclusivement artificielle surtout si l'on désire tenter leur reproduction . Il est bon d'apporter des nourritures vivantes ou fraîches tel que du poisson cru finement haché, des vers de vase, des daphnies vivantes, des tubifex. Ces proies peuvent s'acheter mais également se récolter dans des pièces d'eau naturelles à l'aide d'épuisettes à fines mailles; les tubifex forment des plaques rouges dans la boue ou la vase en bordure de l'eau, plaques qui disparaissent dés qu'on en approche. La récolte s'effectue ainsi : Après localisation on extrait le mélange boue + tubifex, on lave grossièrement dans un tamis fin afin d’ôter le maximum de débris et d'obtenir une sorte de concentrée de vers; pour les recueillir il faut disposer le mélange récolté entre deux couches de sable propre saturé d'eau (dans un récipient métallique) et chauffer très lentement à basse température pour ne pas tuer, voir cuire les vers; les tubifex remontent à la surface en formant de petites pelotes que l'on place dans un autre récipient plein d'eau propre; on lave sous un filet d'eau pendant une heure ou deux et l'on obtient une sorte de hachis vivant qu'il reste à distribuer avec parcimonie à nos pensionnaires. La conservation vivante est peu aisée car les tubifex meurent et se dégradent très vite; éventuellement, on peut les mettre dans une poche de Nylon (bas) et faire séjourner le tout dans la chasse d'eau des W-C.; ils seront relativement à basse température dans une eau renouvelée de temps à autre .Une autre solution consiste à les congeler après les avoir divisé en petites portions mais attention, la quantité distribuée doit être consommée immédiatement sous peine de pollution rapide . Les vers de vase se capturent à l’aide d’une épuisette à fines mailles après avoir remué le fond vaseux de la pièce d’eau ; il faut prendre bien soin de trier les proies qui sont parfois de tailles trop imposantes pour nos poissons ou peuvent être dangereuses . (larves de libellules).
Divers petits élevages se pratiquent aussi dans le but d'avoir continuellement des proies vivantes : artémias, enchytrés, micro vers blancs), drosophyles aptères (mouches sans ailes). Les souches peuvent s'obtenir auprès des clubs aquariophiles.